Monsieur le Président,
Mesdames les Conseillères générales, Messieurs les Conseillers généraux,
Monsieur le Syndic, Madame la Conseillère communale, Messieurs les Conseillers communaux,

Dans la presse en décembre 2016, nous avons pu lire que le projet « Zelda » pourrait être abandonné. Nous en avons la confirmation ce soir. Le Groupe Les Verts nourrit un certain nombre d’inquiétudes quant à cette problématique.

Sur le plan financier, l’étude et la construction d’un nouveau bâtiment scolaire a déjà coûté près d’un million (montant tiré du budget 2017) et d’autres frais ont probablement été engagés depuis. Une rupture du contrat entraînerait probablement des indemnités à verser
au Bureau d’architecture, qui n’est pas responsable des couacs torpillant leur projet.

D’autre part, pendant que ledit projet piétine allégrement, les containers eux, se multiplient inexorablement sur le site de la Condémine, ce qui a également un coût. Des travaux ont même eu lieu dans le bâtiment de la vieille ville pour bricoler des salles de fortune : cela aussi, n’a probablement pas été réalisé à titre gracieux.

Ensuite, sur le plan humain : en ce qui concerne le quotidien des élèves et des enseignants, essayez de vous représenter ce qui se passe sur le terrain : depuis une dizaine d’années, la population augmente, et conséquemment aussi le nombre d’élèves scolarisés. Pour
répondre au besoin de classes en constante augmentation, il a fallu bricoler et grappiller de l’espace dans les coins et recoins des bâtiments existants.

Dans le bâtiment de la ville, on a d’abord perdu la salle vidéo qui servait aussi souvent de salle d’appui. Une classe y a été installée moyennant quelques aménagements car la salle n’était pas conçue pour cela. En 2008 une classe a été bricolée dans une extrémité de couloir. Puis en 2011, une autre classe a été coincée dans le fond de la salle des maîtres.
Une enseignante avait d’ailleurs fait remarquer à l’époque que les normes concernant l’espace vital dévolu aux animaux semblaient plus strictes que celles concernant les élèves… Dans la salle en question, il y a juste la place de caler les pupitres des élèves en plus de celui de la maîtresse, et l’on s’y déplace difficilement.

Concernant les enfants bénéficiant d’appui spécialisé, ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir occuper les minuscules studios en soupente des combles travaillent dans ce qu’il reste de la salle des maîtres, dans la salle de photocopies, ou même dans les couloirs, puisque l’école n’a plus assez de locaux adaptés à disposition.

Quant à la Condémine, vous savez sans doute que les containers n’ont pas du tout une forme pratique pour aménager une classe : en effet un espace rectangulaire au lieu de carré relègue les enfants du fond bien trop loin de la maîtresse et du tableau. Inutile de tenter
d’organiser la classe en largeur, puisque les fenêtres occupent les parois les plus longues.
Et cela sans parler des problèmes de régulation de la température que M. Salamin a déjà soulevés dans les divers lors du Conseil général d’octobre 2016.

Ce bref tour d’horizon vous permet de constater qu’un projet qui traîne coûte fort cher et impose des conditions de travail aux enseignants et aux élèves qui se détériorent d’année en année. Vu les importants projets de construction de logements actuellement en cours à Romont, cela ne va pas aller en s’améliorant.

Nous constatons par ailleurs que la Fondation Handicap Glâne qui a acquis en juillet 2016 le terrain communal derrière le Bicubic, n’a pas traîné, elle, à mettre en chantier son propre projet d’école : le concours d’architecture s’est terminé en octobre dernier et la fin de la construction est prévue pour 2019. Cette école, dont la genèse est bien plus récente que
celle du site de la Condémine, sera certainement terminée bien avant le projet communal, ce qui est difficile à accepter !

Nous avons lu dans la Presse que le projet d’école version « Zelda » coûterait trop cher, ce qui a été confirmé ce soir. Peut-être en effet que ce projet-là est particulièrement onéreux et qu’un budget devrait dorénavant être défini avant la mise au concours d’un tel bâtiment. Mais que penser alors du projet de centre sportif de Bossens qui devrait finalement coûter le double de ce qui a été prévu dans la planification financière ? Le Conseil Communal semble bien éloigné des préoccupations de la population et de ses besoins ! La formation de nos enfants est plus importante que de pouvoir jouer quelques semaines de plus sur les terrains sportifs de Bossens ! Les Verts souhaitent donc que le Conseil Communal revoie au plus vite les priorités des investissements et que ces priorités se reflètent dans une planification financière sérieuse basée sur les moyens dont dispose réellement notre
Commune.

En effet, l’école primaire, on y passe minimum 8 ans de sa vie, 5 jours sur 7, 39 semaines par an…et ce n’est que le début de la scolarité : c’est le socle sur lequel se construiront les apprentissages du secondaire, puis la formation professionnelle. Ce n’est pas rien ! Et pour les enseignants cela représente encore davantage…! Soigner l’école, soigner les élèves, c’est cultiver l’envie d’apprendre et donner accès aux formations supérieures à chacune et chacun, formations qui permettent d’obtenir de meilleurs emplois avec de meilleurs salaires…

En effet, le lieu de scolarisation n’est pas un facteur négligeable dans la réussite scolaire. Un bâtiment qui offre des classes bien proportionnées, favorisant de bonnes conditions de travail, c’est important. Par exemple, pour les élèves qui sont en difficulté et ont besoin d’appui, l’efficacité de cet appui n’est pas du tout le même dans une salle fermée et calme propice à la concentration que dans un couloir qui résonne, où il y a du passage et du bruit. De plus, il est difficile de garantir la confidentialité dans ces conditions. Il est, là aussi, nécessaire d’avoir des salles adaptées à disposition : le couloir est fait pour circuler et déposer ses affaires, et non pas pour y travailler faute de place ailleurs.

Plus il y a d’élèves en difficulté mal aidés, moins ils ont accès à des professions bien rémunérées à la fin de leur formation. De plus, le risque de chômage et de recours à l’aide sociale est accru. En conséquence de quoi, la capacité de la population à participer à l’économie et à contribuer aux impôts communaux, cantonaux et fédéraux baisse.

Pour terminer, sur le plan de la construction en elle-même, le Groupe Les Verts tient à souligner l’exemplarité de la nouvelle école inaugurée cet automne à Vaulruz : elle a été réalisée avec du bois issu de la région, valorisant ainsi les compétences des artisans locaux et favorisant un circuit court de production. L’Etat de Fribourg lui emboîtera le pas en utilisant la production de bois des forêts du Canton pour la construction du futur centre de la Police cantonale, à Granges-Paccot. Nous y voyons une intéressante possibilité d’économiser de l’argent tout en valorisant un matériau renouvelable local.

Le Groupe Les Verts demande donc au Conseil Communal de bien vouloir faire toute la lumière sur ce projet :

  • Quel montant a été dépensé jusqu’à maintenant et est donc irrécupérable ?
  • Combien cela va-t-il encore coûter en cas d’abandon du projet (indemnités, containers supplémentaires, etc.) ?
  • Un nouveau projet ne serait-il finalement pas aussi cher au final, après des années d’attente et de location de containers ? Pouvons-nous avoir une estimation de ces coûts ?
  • Qui pilote le projet et quelle connaissance de la situation sur le terrain a cette personne ? Travaillera-t-elle avec les usagers des bâtiments scolaires actuels ? Existera-t-il un groupe de travail comprenant des représentants de tous les acteurs concernés par ce projet ?
  • Qu’allez-vous faire maintenant au sujet de cette nouvelle école, avec quel budget et dans quels délais ?

Pour terminer, le Groupe des Verts tient à souligner qu’il déplore l’abandon de ce projet. Toutes les pistes pour en réduire les coûts ont-elles vraiment été explorées ?

Le Groupe Les Verts sera très attentif aux suites que le Conseil Communal donnera au fiasco que représente l’abandon d’un projet aussi important pour la population. Il se réserve le droit à la voie judiciaire si cela devait s’avérer nécessaire.

Merci pour votre attention.

Christelle Masur Luu, pour le groupe Les Verts